Solingen 1Q Silberstahl : éléments d’identification

C’est pour l’essentiel grâce à Miknologik, qui venait d’en acquérir un exemplaire, que je me suis intéressé au cas des coupe-choux Solingen matricés 1Q Silberstahl. Je le salue au passage    



L’information la plus riche est venue, comme on pouvait s’y attendre, de deux forums allemands :

https://forum-der-rasur.de/forum/threads/garantie-garanti-solingen-best-silver-steel-1a-silberstahl-u-a.77
https://www.gut-rasiert.de/forum/index.php/topic,10892.0.html

...tout ça est rédigé dans la langue de Goethe et de quelques millions d’autres, mais l'extension / module ImTranslator réglera ça - et les langues les plus improbables - avec beaucoup de talent si nécessaire    

Notez que ces deux forums ont adopté la graphie 1a Silbestahl ; qui me semble être une erreur dans la mesure où le 1Q que je lis, et retiens, est également plus cohérent dans le sens ou « 1Q » convoque naturellement « erste Qualität » : première qualité.

Nos confrères ont également choisi d’amalgamer Garantie ou Garanti Solingen - Best Silver Steel et 1Q Silberstahl. Chose que je conçois dans le sens ergonomique éditorial, tout en étant plus mitigé sur le fond. Particulièrement pour ce qui concerne les productions matricées 1Q Silberstahl, dans lesquelles je suis tenté de voir un ensemble spécifique.

Ceci, faut-il le préciser, ne remet pas en cause l’intérêt d’une démarche dont je les remercie chaleureusement  



En résumé, 1Q Silberstahl - et ses variantes - n'est pas une marque de fabricant.  Pour utiliser une référence contemporaine, on pourrait dire que ce sont des marques génériques, des produits blancs.

L'hypothèse commune à ces forums, et autres sources consultées où l’on ne trouve guère que des bribes d’éléments, est qu'il s'agit  de rasoirs issus de blancs provenant de plusieurs marques. Au vu de la documentation, on ne peut qu' acquiescer.

Leur traçage dominant y voit des fabrications marginales, réalisées et mises sur le marché par des manutentionnaires à domicile et/ou de petites entreprises. La sous-traitance pour tout ou partie ayant été fort répandue en Solingen, ça tient la route.

Reste qu’à-partir du moment où l’on constate que le volume résiduel est conséquent lorsqu’il s’agit de bonnes -  voire très bonnes – lames de format constant, je doute pour ma part que la chose puisse avoir été réalisée sans l'accord, au moins informel, de la société-mère. Sinon par elle-même.

À l’appui de ma réflexion, on remarquera que nombre de ces pièces sont des « Souvenir de... », et/ou portent des mentions en anglais ou en français ; quand leurs châsses ne sont point délicieusement kitsch voire torridement suggestives. Ce qui les situe, pour l’essentiel, dans la période d’après-guerre – entre 1945 et les années ‘60 – durant laquelle ce genre de produits était prisé par le personnel des forces armées d’occupation ( de l’OTAN à leur suite ) et les premiers touristes de retour en Allemagne.



Et s'il est probable, sinon certain, que des sous-traitants ou petites mains se soient alors servis sur la bête, histoire de survivre, il est encore plus évident que l’auto-concurrence ne date pas d’hier et qu’elle peut aller jusqu’à s’attaquer aux marchés parallèles.

On imagine à plus forte raison l’intérêt qu’une telle pratique peut avoir dans une ville ruinée, désorganisée, où l’on meurt de faim et de froid au sens littéral. Pour un secteur industriel qui plus est particulièrement visé – à tort ou à raison selon les cas, mais ici n’est pas le propos - par la dénazification ( janvier 1946 - juillet 1951 ).

Au fil du temps et de la normalisation le volume ira s’amenuisant, et l'essentiel des fabrications de ce type qui va perdurer perdra en variété comme en qualité. On trouve encore actuellement des artefacts neufs qui en sont inspirés.

Vouloir identifier précisément l’origine - et dans une moindre mesure la date de fabrication - d’un de ces coupe-choux est donc une gageure, dans un contexte Solingen où ce n’est déjà pas toujours évident quand on part sur une base plus claire.

De mon point de vue il n’y a guère d’autre solution que visionner un maximum de lames qui, une fois mémorisées, permettront d’établir des similitudes et de faire des recoupements éventuels avec une documentation qu’il faudra par ailleurs aller chercher aux quatre vents.



En l’état – et concernant 1Q Silberstahl uniquement – ça me laisse une impression EDACO persistante, mais ça demande à être confirmé et j’ai d’autres fers au feu : à suivre donc… ou à creuser par d’autres grands malades…  


Voilà voilà. Tant qu’à faire, ces quelques éléments seront potentiellement plus utiles ici que dans mes archives ; tout en insistant bien sur le fait qu’il ne s’agit que d’un fonds, par définition susceptible d’être amendé et/ou complété  

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Merci à toi Almostblue, il me semble qu’il nous appartient de te saluer à notre tour pour nous faire partager tes investigations !
La lecture de ton retour est vraiment passionnante et je ne crois pas me tromper en disant que la communauté a dû dévorer tes lignes avec délectation !
Chapeau bas Mister !

... le plaisir vivifiant de la recherche n'a d'aboutissement que dans le partage des résultats ; et c'est toujours gratifiant de constater que c'est reçu avec intérêt : merci, Mik      

Un vrai journaliste d'investigation ce Patrick!
En tout cas, merci pour ce travail!